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Si Kamala Harris remporte la présidentielle, en novembre, elle sera non seulement la première femme présidente des Etats-Unis, mais aussi la première d’origine indienne. Si elle perd, les Américains auront, pour la première fois, une « Second Lady » d’origine indienne. Usha Vance, l’épouse de J. D. Vance, le colistier de Donald Trump, s’affiche d’ailleurs comme pratiquante hindoue et végétarienne. « Les Indiens américains deviennent une force politique », écrivait le New York Times en juillet. Ces derniers comptent cinq sénateurs et quarante représentants dans les législatures des Etats fédéraux, ce qui leur donne une influence politique qui dépasse de loin leur poids démographique.
Selon un recensement publié en 2023, les 4,4 millions d’Indiens sont désormais plus nombreux que la diaspora chinoise aux Etats-Unis. Et ils ne sont pas influents seulement sur la scène politique. Sur les cinq cents plus grandes entreprises américaines, vingt-cinq sont dirigées par des Indiens, dont Microsoft, YouTube, Google ou encore Adobe, contre seulement onze il y a une décennie. La montée en puissance de cette diaspora est récente et coïncide avec l’arrivée, à partir des années 2000, des ingénieurs indiens dans la Silicon Valley. Aux Etats-Unis, les Indiens sont les migrants les mieux payés et les plus diplômés.
Pour expliquer cette réussite, la presse américaine cite volontiers la maîtrise de l’anglais, langue maternelle de l’élite indienne, la familiarité avec le système électoral et, dans une certaine mesure, démocratique, ou encore l’excellence de l’enseignement supérieur indien – les fameux instituts indiens de technologie – dans le domaine de prédilection des Etats-Unis, celui des nouvelles technologies. La caste est rarement mentionnée. Sans doute parce que les membres des castes supérieures préfèrent mettre en avant leur mérite plutôt que le privilège lié à leur origine.
Et pourtant, l’appartenance à une caste en particulier pourrait bien expliquer leur incroyable réussite aux Etats-Unis. Shyamala Gopalan, la mère de Kamala Harris, arrivée aux Etats-Unis en 1958, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, Sundar Pichai, le PDG de Google, ou encore Indra Nooyi, l’ancienne PDG de Pepsico, sont tous des Tamil Brahmins, également surnommés les « tambrams ».
Cette communauté minuscule du sud de l’Inde, qui ne compte que 2 millions de membres dans le pays et seulement cinquante mille aux Etats-Unis, est surreprésentée dans l’élite américaine. C’est la caste indienne la plus élevée, celle des lettrés ou des prêtres. Chez eux, les mathématiques sont une religion et l’éducation est valorisée. Ils sont férus de musique carnatique ou de danse classique. Ils occupèrent pendant la colonisation britannique les postes de hauts fonctionnaires, mais après l’indépendance de l’Inde et la mise en place de quotas réservés aux basses castes dans la haute administration, ils se tournèrent vers l’industrie informatique et créèrent des géants mondiaux dans ce secteur, comme Infosys ou Wipro, ou ont migré à l’étranger.
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